En photographie, on perd beaucoup de temps (et d’argent !) pour obtenir des photos de la plus grande qualité possible. Les constructeurs fabriquent des appareils et des objectifs de plus en plus pointus. On s’acharne souvent pour contrer les défauts que l’on peut rencontrer sur une image (bruit, flou, aberrations,…). Et si, pour une fois, nous nous intéressions à ces défauts, non pas pour les gommer, mais pour les exploiter ?
Déformation en grand angle
Le grand angle a un avantage: il a un grand angle (évidemment…) mais a aussi le défaut de déformer à la façon d’une loupe. Faites le test et vous verrez qu’un portrait est très peu flatteur quand il est pris au grand angle. Quand on connait ce phénomène, il est possible de l’utiliser. Si votre but est d’obtenir une portrait humoristique ou burlesque, passez au grand angle (ou réduisez le zoom au maximum). Le portrait devient alors une véritable caricature.
Note: il faudra aussi considérablement vous rapprocher de votre sujet pour l’avoir en plein cadre. Si ça ne pose pas de problème technique, ça a une fâcheuse tendance à embarrasser le modèle !
Le bruit
Le bruit n’est pas le défaut le plus sympa. Particulièrement destructif, il peut complètement ruiner une photo. D’ailleurs les constructeurs se battent pour développer des capteurs qui produisent des photos toujours plus « propres ». Et même si aujourd’hui, même les reflex d’entrée de gamme s’en sortent pas trop mal, la montée en ISO s’accompagne rapidement d’un bruit néfaste. Mais alors pourquoi ne pas l’exploiter ? Le bruit numérique n’est finalement qu’une version moderne du grain argentique. Et même si le bruit est moins esthétique que le grain, il permet de retrouver certains charmes de la photo argentique (on peut même pousser le vice en combinant bruit et désaturation).
Le flou
Ce n’est pas la première fois que je vous le dis, le flou n’est pas l’ennemi du photographe (loin de là). Avoir un léger flou offre une autre vision de l’image. Même une photo complètement floue peut avoir un sens. Ça ajoute même une touche particulière car c’est au spectateur d’imaginer ce qu’il voit.
Le cas du flou de mouvement est aussi un bon exemple. Il permet notamment de faire ressortir l’impression de vitesse d’un sujet. C’est surtout un outil de création très puissant à condition de maîtriser les concepts de l’exposition (et surtout du temps de pose).
Le flare
Le flare (prononcez « flaire ») est un voile lumineux qui couvre l’image. Ce défaut est lié à un problème d’éclairage mal positionné. Il se présente quand l’objectif est éclairé directement par une lumière rasante. La conséquence est une perte de contraste, le gain est une atmosphère adoucie par la lumière. Il est donc possible d’utiliser cet effet pour donner une atmosphère de douceur et de calme (certains photographes en ont même fait leur spécialité). J’ai déjà dédié un article au phénomène du flare que je vous invite à relire pour en savoir plus.
La faible dynamique
Rappel: La dynamique d’un capteur représente la gamme de luminosité qu’il est capable de reproduire. En gros un appareil à grande dynamique peut capturer des photos où les écarts de luminosité sont très grands. A l’inverse, un capteur à faible dynamique sera vite saturer et produira des photos avec des zones cramées ou bouchées.
Une faible dynamique peut être corrigée par le HDR mais ce n’est pas toujours nécessaire. Au contraire même, c’est grâce à ça qu’il est possible de réaliser l’effet « silhouette » avec un contre jour. Ce serait dommage de s’en priver…
Bilan
J’espère que vous avez bien saisi le principe de l’article, il n’est pas question de faire n’importe quoi et de faire passer le résultat pour une création artistique. L’objectif est d’utiliser tous les outils possibles (avantageux ou non) pour appuyer le message donné à une image.
Ne négligez donc pas les défauts de votre matériel mais surtout, apprenez à les maîtriser pour pouvoir les exploiter quand ça vous parait nécessaire.