Le contre-jour fait partie de ces phénomènes qui aiment jouer avec les nerfs du photographe. Tantôt le compagnon idéal de votre soif de création, tantôt un monstre destructeur d’exposition ! Dans cet article, nous allons explorer les deux extrêmes de cette particularité lumineuse.
Qu’est-ce que le contre jour ?
Commençons par définir le monstre ! On parle de contre-jour lorsque le sujet de la photo est éclairé par derrière. Dans cette configuration, les détails de la face du sujet sont trop sombres pour apparaître (car non éclairés).
Le soleil éclaire par derrière : les détails du jongleur sont invisibles
Attention, le sujet peut être éclairé de face et être en contre-jour. En fait, c’est l’écart entre l’intensité de l’éclairage de face et de derrière qui génère le contre-jour.
Prenons par exemple la photo suivante. La nuit n’est pas complète, le modèle est donc éclairée mais le soleil derrière est bien plus puissant que l’éclairage ambiant. L’appareil n’étant pas capable de capter toutes les nuances de lumière du plus clair au plus sombre, il fait le choix d’exposer correctement le ciel et de boucher le personnage. Le contre-jour est donc lié à un défaut de dynamique et pas uniquement d’éclairage (vous verrez que c’est important pour la suite).
Contrer le contre-jour
Si le contre-jour n’est pas souhaité, il va falloir le contrer ! Une solution est d’équilibrer les sources de lumières. En gros, ça veut dire ajouter de la lumière qui vient de face. Utilisez un réflecteur, une lampe quelconque ou un flash.
Un coup de flash pour éclairer la feuille de face et équilibrer la lumière
Plutôt que d’augmenter la lumière de face, l’alternative est de réduire la lumière qui vient de dos. La plupart du temps c’est possible même quand il s’agit du soleil. Sans attendre d’éclipse, il suffit de trouver un point de vue où le soleil sort du cadre.
Compromis…
Comme il s’agit d’une limitation induite par la dynamique du capteur, le contre-jour pose en fait un problème de choix d’exposition :
- Exposer correctement le fond en bouchant le premier plan
- Exposer correctement le premier plan en cramant l’arrière plan
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L’image ci-dessous présente deux photos prises avec ces deux choix. Sur la partie gauche, le premier plan est bouché (cas classique du contre-jour). Sur la deuxième moitié, l’arrière-plan est cramé.
Deux choix d’expositions dans la même situation
Le deuxième choix permet donc de récupérer les détails qui manquent sur le premier plan au détriment de l’arrière plan qui lui devient complètement blanc. C’est une solution si l’arrière plan n’est pas important pour la compréhension de l’image (même si un fond complètement blanc n’est pas forcément esthétique).
Retenez que dans une situation de contre-jour, si vous voulez éviter que le premier plan soit complètement noir, une simple compensation d’exposition suffit (+1 ou +2Ev permet déjà de récupérer pas mal de détails).
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Post-traitement
Quand toutes les méthodes en prise de vue ont échoué, il est toujours possible de s’en sortir en post-traitement. Nous avons déjà vu une méthode de traitement des écarts de luminosité pour les paysages : le ciel est souvent bien trop lumineux par rapport au sol. Pour cela, je vous avais proposé un effet de filtre dégradé. En fait c’est une problématique très proche du contre jour.
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Pour les cas désespérés, il reste le HDR. Cette technique permet d’obtenir une exposition « parfaite » en mélangeant plusieurs clichés de la même scène, exposés différemment. Le problème c’est que ça demande beaucoup de temps et de minutie pour un résultat souvent très mitigé. Il suffit de faire une Photo HDR sur Google pour constater les horreurs d’un HDR non maîtrisé. Donc n’utilisez cette technique que si vous êtes certain de la maîtriser (ou si vous aimez les bouillies de couleurs qui bavent partout).
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Le contre-jour source de création
Depuis le début de l’article, je vous donne des astuces pour atténuer le contre-jour mais ce n’est pas une fatalité. L’étape ultime n’est pas de passer à coté de ce phénomène mais de l’exploiter. Il est possible de transformer cet effet néfaste en véritable outil créatif.
Le contre-jour est un outil puissant de simplification. Le jeu de couleur et l’alternance clair/sombre très nette donne des images percutantes et efficaces.
Une façon très simple de faire des images très graphiques tout en restant minimalistes.
Bilan
Vous l’aurez compris, le contre jour n’est ni une fatalité, ni un parasite. Retenez qu’il est possible de l’éviter (ou au moins de l’atténuer) en soignant la prise de vue.
Enfin, si vous avez une scène en contre jour, c’est aussi l’occasion de tester des choses: Exploiter pleinement ce phénomène pour faire une image qui sort de l’ordinaire. C’est une façon de plus d’exercer votre œil de photographe pour aller chercher la bonne image là où on ne l’attend pas !